2007-05-05

ARIANE vs. ONFRAY

Une amie, digne de confiance et hors de tout soupçon, m'a envoyé un texte qu'Ariane Mnouchkine a publié sur son blog : le fil d'ariane.
J'aime beaucoup et je respecte Ariane Mnouchkine. Mais là, elle débloque. Ses procédés, ses exhortations et ses accusations sont dangereux. Et si certains à gauche s'amusent à se faire peur, ils oublient peut-être que face à une vraie droite qui s'assume, ceux qu'ils soutiennent ne savent plus quelles valeurs ils représentent et doivent défendre. Et ça, ça ne m'amuse pas vraiment.

On ne peut pas impunément lancer l'anathème contre les abstentionnistes de gauche (quel mot hideux) ; on ne peut pas diaboliser un candidat républicain (et non fasciste ou lepéniste de poche, ce serait oublier ce qu'était la Droite d'avant 1986) ; on ne peut pas créer ainsi un climat de panique et opposer les gens ainsi les uns contre les autres, surtout s'ils sont du même bord...

On ne peut pas faire cela car ce serait remettre en cause le principe même de la démocratie : le vote est un choix personnel. Voter à droite ne fait pas de vous un monstre fasciste, voter à gauche ne fait pas de vous un ange miséricordieux, ne pas voter ne fait pas de vous un dangereux irresponsable qui mérite le pal ou le pilori.

J'aime bien Ariane, j'aime parfois Onfray. Et au ton inquisiteur de la première, je préfère l'analyse réfléchi du second (dont j'ajoute un extrait à la suite de ce post : blog de Michel Onfray
Demain, dans l'isoloir, chacun choisira selon son goût, ses craintes ou ses espérances. Mais j'espère sans illusion.


Michel ONFRAY :
"L’annonce de mon probable vote blanc fait dire que j ‘offre un laisser passer à Nicolas Sarkozy. Quelle étrange logique que de considérer, de manière binaire, qu’il faut, puisqu’on va mourir, choisir encore entre la chaise électrique ou la pendaison ! Laissons faire le bourreau. Quand le choix est entre la droite et la gauche, même si la gauche est pâle, les choses sont simples. Mais quand on doit choisir entre la droite et le centre, la nouvelle donne depuis le deuxième tour, on peut vouloir laisser ce jeu à d’autres et ne pas souhaiter participer à cette mascarade.
(...)
Je ne veux pas voter pour les maisons de correction ou de redressement avec encadrement militaire des jeunes en rupture de ban, une proposition qui réjouit la France disciplinaire qui traite les problèmes de misère par la solution du Panoptique libéral en demandant aux uniformes, à la force, à la caserne, de régler le problème des incivilités, de la délinquance et des délits récidivistes chez les jeunes détruits par la machine capitaliste par du sport à haute dose, des marches forcées ou des défilés en rang.
(...)
Je ne veux pas voter, donc, pour un fossoyeur de ce qui restait de gauche chez les socialistes. J’aurais pu mettre mon mouchoir sur la démocratie participative, l’ordre juste, l’encadrement militaire, la trilogie vichyste, la féminitude, la carte scolaire, la réelle nature de la pédophilie, l’entrée de la Turquie dans l’Europe, la valse hésitation avec l’appareil vermoulu du PS, les drapeaux pavoisés et la Marseillaise en chœur, l’ancien éloge du blairisme, ce qui, convenons en, fait beaucoup pour une seule personne dite de gauche, mais pas la danse du ventre effectuée ces derniers temps devant François Bayrou pour récupérer ses électeurs, et ce sans la moindre vergogne, avec le talent le plus naturel pour vendre ses charmes au plus offrant.
Je ne voterai donc pas pour ce ralliement , juste pour le poste, à un homme de droite dont elle pourrait envisager qu’il soit son premier ministre, emportant avec lui une kyrielle de vieux briscards de l’UDF, parti de droite depuis toujours. Et pour mener quelle politique ? Car le fond de la question est bien là : pour quelle politique ? Si d’aventure cette femme sans convictions, mais adoptant toute idée pourvu qu’elle soit susceptible de lui apporter des voix, accédait à ce poste, ce serait pour brader la France aux libéraux de droite et du centre, autrement dit pour mener la politique que Sarkozy va mener, le style autoritaire en moins (encore que…).
Or la forme m’importe moins que le fond, la personne moins que les idées : et je ne veux pas voter pour des idées de droite, fussent-elles portées et défendues par une femme qui se prétend de gauche. Car cette gauche là, depuis les capitulations de Mitterrand en 1983, a trahi ses idéaux : elle n’a pas plus de bonnes raisons contemporaines de citer Jaurès et Blum que Sarkozy n’en a… Où trouve –t-on dans le programme de Ségolène Royal une idée, une seule, qui pourrait s’écrire plus tard dans une histoire du Parti Socialiste sans démériter de son passé glorieux ? Une seule, je n’en demande qu’une seule…"

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